Pour un exercice d’écriture chez Christelle Lebailly, il fallait exprimer les sentiments d’un personnage suite à un décès. Sur 54 écrivains, j’étais la seule à faire une texte comique.^^
J’ai repris les personnages du Donjon de Naheulbeuk, un univers que j’ai découvert récemment.
Un terrible combat prenait fin à l’orée de la forêt. L’énorme animal s’écroula lourdement sur le sol dans un dernier râle d’agonie et les aventuriers laissèrent éclater leur joie.
— Ouais ! On lui a fait la peau ! cria le nain.
— Méchant ours-zombie ! ajouta la petite elfe.
— Cette sale bête ne terrorisera plus la région : mission accomplie, conclut la magicienne.
Le nain essuya le sang qui tâchait la lame de sa hache sur le pelage noir de l’animal en disant :
— Maintenant, je vais récupérer ses crocs et ses griffes.
— Beurk ! dit l’elfe. Pourquoi tu veux faire ça ?
— Ben pour les revendre pardi. Combien ça vaut les crocs d’ours‑zombie, magicienne ?
L’elfe et le nain regardèrent leur compagne qui ne répondit pas. Elle semblait perdue dans ses pensées et se frottait le menton.
— Je l’ai trouvé bien vivant pour un ours-zombie, déclara‑t‑elle.
Le nain et l’elfe regardèrent le cadavre d’ours qui gisait dans l’herbe.
— On a quand même pas tué un vrai ours ? gémit l’elfe.
— Ah non, râla le nain. Ça fait que dalle d’Xp, les vrais ours.
— Mais il faut pas tuer les animaux vivants, sanglota l’elfe. Vous m’aviez dit qu’il était déjà mort celui-là. Moi, je veux tuer que les morts.
— Toi, t’as rien tué du tout, grogna le nain. Tes flèches elles sont éparpillées dans la campagne.
La magicienne s’approcha du cadavre, s’agenouilla près de la tête de l’ours et ferma les yeux de l’animal avec la paume de sa main en chuchotant :
— Nous sommes désolés.
— On est surtout désolés d’avoir perdu du temps, pesta le nain. Où qu’il est le vrai ours-zombie ? Qu’on en fasse des croquettes.
— T’as aucun cœur, gros lourdaud ! cria l’elfe en lui collant un coup de pied dans le dos. Maintenant, on est des assassins d’ours vivant à cause de toi.
Le nain se retourna prêt à botter le petit popotin de l’impudente quand la magicienne se releva et s’éloigna du cadavre en disant :
— Regardez vers la forêt.
Le nain et l’elfe remirent leur querelle à plus tard et virent un ourson debout près d’un arbre qui regardait la scène.
— Ben quoi c’est un mini ours. Ça fait encore moins d’Xp, grommela le nain.
— Je crois qu’on vient de tuer sa maman, dit doucement la magicienne.
— Oh non ! sanglota l’elfe.
Le petit ourson avança prudemment sans quitter les humains des yeux. Puis n’y tenant plus il se mit à courir désespérément vers le corps de sa mère. Il la renifla, tapota son épaule de son museau avec un air inquiet. Le petit ourson se mit à gémir en frottant son front contre celui de l’ours. Il tenta ensuite de soulever la tête inerte avec ses petites pattes. Il y mit toute sa force mais la tête glissa et retomba lourdement dans l’herbe. Le petit ourson se colla contre sa maman pour profiter une dernière fois de sa chaleur et les larmes commencèrent à couler de ses yeux.
— Pauvre petit, chuchota la magicienne. Que va-t-il devenir ?
L’elfe tomba à genoux en pleurant :
— Maintenant, il n’a plus de maman. C’est un orphelin.
— C’est assez fréquent de devenir orphelin quand on perd ses parents, répliqua le nain en accrochant sa hache à sa ceinture.
— On ne peut vraiment rien faire ? demanda l’elfe entre deux sanglots.
— J’ai bien peur que non, dit la magicienne.
— Allez, allez, on y va ! ordonna le nain en s’éloignant d’un pas rapide.
— On pourrait adopter l’ourson, proposa l’elfe en regardant la magicienne.
— Il va courir encore plus de danger avec nous, répondit la magicienne en regardant le petit ourson qui tremblait en pleurant.
Le nain était déjà au sommet d’un talus qu’il s’apprêtait à descendre. Il se tourna et brailla :
— Alors vous venez ?
— On arrive, répondit la magicienne en posant sa main sur l’épaule de l’elfe.
Elle renifla et frotta son petit nez retroussé avant de suivre la magicienne vers le talus.
— Eh ben, c’est pas trop tôt ! ronchonna le nain quand les filles arrivèrent à sa hauteur.
Elles lancèrent un dernier regard vers l’ourson, pelotonné contre sa maman qui frottait sa petite tête sous son menton.
Quand le petit groupe se trouva en bas du talus, le nain chuchota quelques mots.
— Qu’est-ce que tu fais ? demanda la magicienne intriguée.
— Rien du tout, répondit le nain.
— Tu viens de…
Une voix claire et neutre venue de nulle part annonça :
— Le nain utilise un point de destin pour ressusciter l’ours.
— La ferme, la voix-off ! râla le nain. C’était un secret !
— J’en reviens pas ! Tu as fait une bonne action ! s’étonna la magicienne.
— Mais non, c’est pas ça, c’est…
— Oh c’est mignon, il est sensible, dit l’elfe en prenant le nain dans ses bras.
Les trois compagnons remontèrent au sommet du talus et virent le petit ourson trottiner gaiement autour de sa maman qui s’était relevée.
La voix-off reprit la parole :
— Le nain gagne un niveau.